Once upon a one more time

Le cast de Once upon a one more time - Marquis Theatre, New York

Spectacle de Jon Hartmere avec les chansons de Britney Spears

Année : 2023

Pays : Etats Unis

Cast d'origine : Briga Heelan (Cinderella), Justin Guarini (Prince Charming), Jennifer Simard (Stepmother), Adam Godley (Narrator), Brooke Dillman (Fairy Godmother), Aisha Jackson (Snow White), Lauren Zakrin (Little Mermaid), Morgan Whitley (Princess Pea), Gabrielle Beckford (Rapunzel), Ashley Chiu (Sleeping Beauty), Nathan Levy (Clumsy), Ryan Steele (Prince Erudite)

En bref

« Cendrillon et son Prince se marièrent. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Que font les princesses de conte de fées quand personne ne lit leur histoire ? Un groupe de lecture ! Alors qu’elle se demande si sa fin heureuse l’est vraiment, Cendrillon se voit remettre un exemplaire du livre « La Femme Mystifiée » par sa Marraine la Fée. Avec les autres princesses, elle prend alors conscience que la vie ne se résume pas à attendre son prince charmant et qu’elles peuvent décider de prendre les rênes de leur existence pour se choisir leur fin heureuse.

Mon avis

Attention, cet article peut contenir des spoilers mineurs.

Sur le papier, tous les ingrédients étaient réunis pour que ce spectacle me plaise. J’ai été élevée avec les Disney et les contes de fées, et Britney Spears, c’est toute mon adolescence. J’avais vraiment envie d’aimer ce show, vraiment. Mais non. Pendant les 2h30 qu’il a duré, j’ai constamment oscillé entre « Ah oui, pas mal, ça claque ! » et « Mais c’est quoi ce truc ? ».

Commençons par les points positifs (spoiler alert : il n’y en aura pas beaucoup …)

La musique : j’aime bien la musique de Britney sans pour autant connaître sa discographie dans le détail. J’ai apprécié de retrouver ses grands tubes (« Lucky », « Sometimes »,

« Circus », « Womanizer », … ) et découvrir d’autres morceaux un peu moins connus. Certains arrangements sont intéressants et à une ou deux exceptions près (« Work bitch » notamment, qui m’a fait lever les yeux au ciel tout le long du morceau) les chansons sont relativement bien amenées, ce qui pêche parfois un peu dans les juke box musicals.

Les décors, sans être incroyables, sont sympas. J’ai bien aimé les décors du château dans le premier acte.

Les chorégraphies sur certains tableaux d’ensemble comme Circus sont époustouflantes, si on fait abstraction du côté « boîte de nuit » apporté par les lumières.

L’ensemble donne son maximum pour porter le spectacle. On appréciera aussi la diversité du casting. Justin Guarini et Jennifer Simard se démarquent clairement, « Toxic » étant le highlight du spectacle.

Et … c’est à peu près tout (et encore, je pense qu’on sent que j’ai galéré à trouver ces quelques points …)

Pour le reste, à l’image de mes deux impressions pendant le spectacle, on a le sentiment que le spectacle ne sait pas bien où il va et reste dans cette espèce d’entre deux.

Briga Heelan et le cast de Once upon a one more time - Marquis Theatre, New York

Les costumes sont décevants ; j’imagine que pour des questions de droits, ils n’ont pas pu reprendre les costumes des princesses Disney, et si l’adaptation des costumes du 1er acte fait illusion, au second, la version modernisée est un peu plus hasardeuse. A l’instar de And Juliet, ils ont voulu que les membres de l’ensemble ne soient pas anonymes, chacun.e interprète un prince ou une princesse spécifique. Si les princes restent quand même relativement anonymes, on s’attendrait alors à pouvoir identifier les princesses de l’ensemble (Boucle d’Or, Esmeralda, Belle, …) sauf que pas du tout ! Et puisqu’on parle de Belle, je ne sais pas si c’est à cause de mon manque de connaissance de la pop culture américaine, mais je n’ai pas compris pourquoi la Princesse au Petit Pois fait partie des personnages principaux alors que Belle est dans l’ensemble … J’aurais plutôt vu l’inverse mais ça n’engage que moi.

J’ai un souci avec le positionnement de ce spectacle à plusieurs niveaux. Les princesses, dans l’ensemble, donnent l’impression de se prendre un peu trop au sérieux alors que Charming, la Stepmother et les demi sœurs sont archi caricaturaux. La seule touche de sincérité que j’ai ressentie est dans la relation Clumsy/Prince Erudite, qui est tellement sous exploitée qu’on en vient à se demander si elle n’a pas été rajoutée presque à contre-cœur. C’est pour moi un des aspects les plus intéressants du spectacle et j’aurais voulu un développement plus important, à l’image de la relation May/François dans And Juliet. De plus, dans la mesure où Britney est une icône de la communauté LBGTQIA, je trouve dommage que celle-ci soit si peu représentée dans le show.

Jennifer Simard - Marquis Theatre, New York

Vocalement, je l’ai dit, Jennifer Simard est largement au dessus du lot, et le timbre de Justin Guarini me rappelle un peu celui d’Ivano Turco dans Cinderella. Tous les deux foncent tête baissée et poussent leur personnage à l’extrême, et ça marche. En revanche, pour les princesses, les quelques traits d’humour tombent à plat. Briga Heelan est très jolie, une belle blonde aux yeux bleus, la parfaite Cendrillon sur le papier. Dans la réalité, m'est d'avis qu’elle n'avait les épaules pour porter un spectacle pareil. Je l’ai trouvée transparente et les harmonies avec Snow White sur « Brightest morning star » ne sont pas toujours très heureuses. Je n’ai pas vu Aisha Jackson, mais Salisha Thomas dans le rôle de Snow White. Là aussi, hormis le climax sur « From the bottom of my broken heart », je l’ai trouvée à côté de la plaque le reste du temps. Le personnage de Princess Pea est insupportable, et je n’ai pas compris à quoi il servait. En fait, je pense aussi qu’il y a trop de personnages principaux/secondaires. On a les 6 princesses, Charming, la belle mère et ses deux filles, la Marraine, le Narrateur, Clumsy et Erudite, soit un total de 14 (sur 21 !!) ; c’est trop, on perd en profondeur pour chacun des personnages. Pour moi il aurait fallu laisser dans l’ensemble les demi-sœurs, et ne garder qu’un trio pour les princesses histoire d’alléger tout ça et de garder plus de temps pour creuser d’autres arcs simplement survolés.

Je pense aussi qu’ils se sont trompés de cible. Un peu comme And Juliet, le cœur de cible initial devait être plus ou moins les trentenaires du fait de l’utilisation des chansons de Britney. Pour autant, il semblerait que ça n’ait pas trop pris. Peut être était-ce parce que je suis allée à une matinée, mais plus de la moitié du public était composée d’enfants. Et ce sont bien les seuls qui ont été amusés par le gadget distribué au début du spectacle, un bracelet qui se met à s’allumer au rythme de la musique sur le rappel.

Le dernier gros problème de ce spectacle transparaît à plusieurs reprises dans mon article. Il s’agit d’une question de mauvais timing, puisque le show se place clairement sur le même créneau que And Juliet au niveau des thématiques abordées (féminisme, émancipation et rejet du patriarcat, assumer qui on est et qui on aime, …) et de certaines chansons comme « Stronger » ou « Oops I did it again » qu’on retrouve dans les deux spectacles. Evidemment, c’est la porte ouverte à la comparaison, il n’y avait pas de place sur Broadway pour les deux, et force est de constater que le combat est remporté par les anglais.

L’idée de base était intéressante, et avec la discographie de Britney, il y avait de quoi faire, mais l’ensemble n’est pas assez travaillé et certains choix artistiques n’étaient pas les meilleurs. Ma réaction à chaud en sortant était de me dire que le spectacle ne durerait pas plus de quelques semaines. De fait, il a été annoncé il y a quelques jours qu’il fermerait le 3 septembre prochain. Pas surprenant, mais une fermeture prématurée (et surtout avec un préavis si court) est toujours très triste pour les artistes et toute l’équipe. En l’état, j’ai du mal à voir une quelconque tournée ou transfert dans le West End. Ceci dit, avec la fermeture de And Juliet à Londres, un transfert en repartant de presque zéro et en reboutiquant le spectacle pourrait être intéressant, mais peut être d’ici quelques années … L’avenir nous le dira !