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Les Dix Commandements - L'envie d'aimer

  • Photo du rédacteur: Caroline
    Caroline
  • 21 oct. 2024
  • 6 min de lecture

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Spectacle de Pascal Obispo, Lionel Florence et Patrice Guirao

Année : 2024

Pays : France


Cast d'origine : Benjamin Bocconi (Moïse), David Lempell (Ramsès), Leelou Garms (Néfertari), Sarah Koper (Yokébed), Tony Brédelet (Josué), Sharon Laloum (Myriam), Awa Sy (Bithia), Julien Arcuri (Aaron), Margaryta Buisan (Sephora)


En bref


Moïse, enfant né chez les Hébreux et abandonné pour sa sécurité, se retrouve recueilli par la famille royale d'Egypte. Elevé comme le frère du futur pharaon, son destin prendra une tournure inattendue lorsqu'il s'élèvera pour défendre les siens qui lui ont été arrachés à sa naissance.


Mon avis


Pour la petite histoire, dans les années 2000, mes parents avaient décidé de m’offrir des billets de spectacle. A l’époque, les CD des 3 comédies musicales du moment tournaient sans discontinuer : Les Dix Commandements, Roméo et Juliette, et les Mille et Unes Vies d’Ali Baba. J’avais porté mon choix sur Roméo et Juliette, ce qui je pense, était le meilleur choix pour l’enfant de 13 ans que j’étais à l’époque. J’avais donc loupé le coche et n’avais vu que Les Dix Commandements en DVD. Par conséquent, cette nouvelle mouture 2024 avait un goût de séance de rattrapage, que j’appréhendais néanmoins, un peu échaudée par les critiques en demi teinte que j’avais pu lire ça et là. Alors, essai transformé ? Pas tout à fait …

 

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Leelou Garms et la troupe des Dix Commandements - Le Galaxie, Amnéville

Je suis restée dubitative dès les premières secondes, je crois avoir répété « mais what the f*** ? » au moins 4 ou 5 fois … Voir arriver 4 personnes en mode Men in Black quand on s’attend à plonger dans l’Egypte ancienne, ça a de quoi déstabiliser, d’autant qu’ils se mettent chacun à parler, sans pour autant être équipés de micros, donc inaudibles passé le premier rang (et encore …). Alors c’est peut être en partie le but recherché, et je pense comprendre l’intention derrière cette introduction, mais personnellement, ça m’a compliqué la tâche pour m’immerger dans l’histoire. Le premier tableau est intéressant, mais on aurait pu se passer de ces masques malaisants façon Scream. Globalement, concernant les costumes, j’ai beaucoup aimé les costumes des chanteur.euses, mais j’ai eu beaucoup plus de mal avec certains de l’ensemble. J’ai cette sensation qu’il y a beaucoup d’éléments assez conceptuels, symboliques dans ce spectacle, qu’il faut le lire visuellement sur plusieurs niveaux. Sur le principe, ça ne me dérange pas, mais pour le coup, j’ai l’impression qu’il y en avait tellement que d’une part, j’en ai probablement loupé un certain nombre, et d’autre part, c’était peut être trop. J’aurais préféré moins de symbolisme et de suggestion, et plus de concret d’un point de vue décors.

 

Oui, encore un spectacle qui fait la part belle aux projections … Des projections de qualité, reconnaissons le, et qui je pense, ont bien plus d’impact passé les premiers rangs. Pour autant, si il y a bien une époque de l’Histoire qui se prête à la démesure et au grandiose, c’est l’Egypte antique. Donc forcément, j’aurais aimé plus d’éléments tangibles, une débauche de dorures dans un décor modulable qu’on fait évoluer au fur et à mesure de l’histoire, ce qui aurait peut être pu aider à corriger le défaut majeur de ce spectacle sur lequel on reviendra par la suite.

 

Musicalement, on retrouve l’esprit du spectacle des années 2000, ce qui est très bien car c’est là toute la force du spectacle. Les arrangements ont été revus pour l’occasion ; parfois ça passe, notamment « Laisse mon peuple s’en aller », qui devient selon moi l’un des highlights du spectacle, et parfois ça casse, comme sur « Sans lui », qui a perdu de son côté rock et donc de son punch. Deux chansons du spectacle original ont été retirées au profit de titres inédits dont le très réussi « Croire », qui ferme joliment le premier acte, de façon bien plus à propos que ne le faisait la scène du mariage dans la version originale.

 

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Benjamin Bocconi - Le Galaxie, Amnéville

A priori, le plus gros obstacle en remontant ce show (hormis la bataille judiciaire avec Elie Chouraqui …), c’était de le faire sans la troupe d’origine et notamment Daniel Lévi, qui a marqué à tout jamais le rôle de Moïse. C’est un tout nouveau cast qu’on découvre dans cette version 2024, à mon sens la meilleure option. On sent la double casquette de Bruno Berbérès, directeur de casting à la fois pour ce spectacle et pour The Voice, car on retrouve énormément de talents ayant participé à l’émission à l’affiche de ce spectacle. Mais point de passe droit, chaque chanteur.euse est très talentueux.se et personne n’a volé sa place sur scène. J’ai toujours trouvé que dans la version d’origine, certains timbres étaient peut être un peu trop proches les uns des autres, surtout chez les filles (Anne/Lisbeth, Yael/Nourith), ce qui est complètement gommé ici où chacune a sa signature vocale, qui se marient de façon sublime en début de second acte sur « Mais tu t’en vas », petit instant de pureté suspendu hors du temps. Parmi mes coups de cœur, je citerai d’abord Sarah Koper, qui fait forte impression sur le numéro d’ouverture mais qui se révèle vraiment sur « Laisse mon peuple s’en aller » où elle balaye tout sur son passage. Sharon Laloum ensuite, merveilleuse Myriam, véritable virtuose vocale à la technique qui force le respect, tant elle maîtrise sa partition de bout en bout, sans pour autant laisser de côté l’interprétation. Comme écrit plus haut, comment prendre la suite de Daniel Lévi ? D’abord en choisissant un interprète qui vocalement, est un savant mélange de douceur et de puissance. Ensuite, en restant honnête et vrai dans son interprétation, sans vouloir tomber dans une imitation bancale. Benjamin Bocconi coche toutes ces cases et même plus, je l’ai trouvé parfait dans le rôle de Moïse. Il fait évoluer son personnage avec beaucoup de justesse tout au long du spectacle et le porte à bout de bras sans que la charge paraisse trop lourde pour autant.


J’ai également trouvé très à propos l’hommage à Daniel. Il aurait été facile de multiplier les clins d’œil, ou de vouloir faire les choses de façon trop ostentatoire pour faire pleurer dans les chaumières. Pas de ça ici, la façon très sobre et poétique dont c’est fait laisse la place au spectacle la possibilité d’exister en tant que tel, s’affranchissant de la version d’origine, tout en restant très émouvant.

 

Je parlais d’essai semi transformé en introduction, venons-en au point qui fâche. La forme du spectacle est relativement réussie, mais c’est le fond qui pose problème. Les Dix Commandements est un « sung through » musical, mais pour que ce format fonctionne, surtout dans le style d’écriture des musicals français où les chansons ne font pas toujours avancer l’histoire, les transitions doivent remplir ce rôle. Cependant, les transitions sont pour la plupart inexistantes et le peu qu’il y a sont instrumentales. Résultat, on a la désagréable impression de tableaux juxtaposés les uns aux autres, et si on n’est pas familier de la Bible, on peine à suivre l’histoire. Ca et là ont été rajoutés des petits textes explicatifs projetés tout au long du spectacle, j’en viens à me demander si ce n’est pas le signe que cette faille est connue et qu’on tente maladroitement de la minimiser. Alors ok c’est un choix, mais pour moi, ce n’était pas le bon. Dans mon jargon professionnel du milieu de la santé, je dirais que c’est mettre un Emla (les petits patchs ou la crème qu’on met pour diminuer la douleur avant une piqûre ou un geste douloureux) quand il faudrait une anesthésie générale. C’est poussif, ça manque de rythme et de fluidité et je me demande si les décors réduits au strict minimum ne renforcent pas ce sentiment. Je n’ai plus regardé le DVD de la version originale depuis bien longtemps, mais je gardais en mémoire un décor pharaonique dans lequel tout ou presque se passait, sans ces noirs intempestifs entre les tableaux qui semblent parfois interminables.

 

Mon second point noir, moins important et moins visible, concerne le merchandising. Quand je vais voir un spectacle, j’achète systématiquement le programme, ainsi qu’un magnet, plus ou moins d’autres items en fonction de l’envie du moment et de ce qui est proposé. J’ai été très déçue de la qualité du programme pour le prix (20€). La qualité des photos laisse à désirer, les textes sont émaillés de fautes d’orthographe (la différence entre le futur simple et le conditionnel, c’est niveau primaire les gars !) ou d’erreurs de mise en page, et il n’y a aucune information sur la formation et le parcours des chanteur.euses. On pourrait croire que les QR codes au bas de chaque page renvoient vers ces informations mais non, ils sont liés aux vidéos de présentation sur Instagram où chacun.e parle de son rôle et de comment iel l’envisage. Iels sont tous.tes des artistes expérimenté.es, c’est dommage de ne pas mettre leur parcours plus en valeur.

 

Les Dix Commandements est un très beau spectacle et cette nouvelle version prouve une fois de plus que ses chansons traversent les époques sans se démoder. En revanche, je n’en dirais pas autant de la structure et de l’absence de livret, qui rappelle cruellement qu’il s’agit d’un spectacle des années 2000. Ca reste néanmoins un spectacle à voir, ne serait-ce parce qu’il fait partie des classiques de la comédie musicale française, et pour la performance des artistes, qui arrivent à brillamment composer avec, pour la plupart, pas grand-chose de consistant pour incarner leurs personnages.

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